50 nuances de culture BDSM
Le 8 février 2017 est sorti en France le deuxième opus de 50 nuances de Grey : 50 nuances plus sombres. Côté livres ce sont 125 millions d’exemplaires de la saga qui ont été vendus, près de la moitié au format électronique. Plus de quatre millions de spectateurs se sont déplacés pour le premiers volet. Il est donc normal que “50 shades” soit un phénomène de société dont je veuille parler. Je pourrais ne dire que le mal que j’en pense, mais je souhaite plutôt aborder la question sous un autre angle, en me demandant quels sont les alternatives à ce genre d’ouvrages.
50 nuances de Grey est donc un conte de fée moderne autant pour son héroïne Anastasia que pour sont auteure E.L.James : une belle histoire à l’américaine, la version “mommy porn” d’une fan fiction de Twilight qui devient un succès planétaire et donne lieu à des portages cinématographiques. Pour celles et ceux qui n’ont pas vu le film et qui n’ont pas lu les livres autant lire le blog d'”Un Odieux Connard”, ce qui vous prendra moins de temps et vous divertira sans doute plus. Je vous invite donc à aller lire 50 nuances de Grey à gré qui relate le 1er film, 50 nuances plus sombre d’étrons qui traite du second film, et le premier épisode de la série L’ire ensemble : Grey où l’Odieux Connard s’attaque cette fois au roman. (Et en bonus les Faux Raccords du premier film).
Je n’aime pas du tout la façon dont l’oeuvre traite une relation de pouvoir abusive entre un riche multi milliardaire et une très innocente jeune fille. Une blueuette pour adolescents (le film n’est interdit qu’aux moins de 12 ans) habillée d’un thème BDSM qui autorise les pires comportements : Abus, harcèlements, refus du consentement, une image fausse et dangereuse du BDSM. Si Grey n’était pas riche ça pourrait être un épisode des experts dont le titre serait “50 Nuances de violence conjugale”.
Si la notion de BDSM est assez récente (elle date a priori du début des années 70), on retrouve des traces de ses pratiques depuis l’antiquité. Mais face à la déferlante 50 nuances de grey, un film block buster, grand public et traitant ouvertement d’une relation SM, on peut se demander si le sujet n’est pas sorti du placard ces dernières années pour entrer dans la culture populaire (en d’autres termes devenir “mainstream”). Je me suis vite aperçu que le BDSM est un sujet récurrent quel que soit l’oeuvre depuis fort longtemps :
Dans la littérature
- En 1791 le marquis de Sade écrivait “Justine ou les infortunes de la vertue“
- En 1870 Leopold Von Sacher Masoch raconte ses rêves masochistes dans La vénus à la fourrure qui parait en 1870. Son roman et son nom deviendront une référence en la matière.
- En 1956 Histoire d’O de Anne Seclos Aka Pauline Réage raconte l’enfermement d’une femme qui donnera tout à ses maîtres et amants. Du roman seront tirés la bague d’O et le triskèle, deux symboles du BDSM.
- En 1972 sort 9 semaines et demi qui sera porté au cinéma tout comme 50 Nuances de Grey. Le roman raconte la relation de domination et de soumission du couple incarné par Mickey Rourke et Kim Bassinger. (Et le titre de Joe Cocker “you can leave your hat on”)
- En 1983 Anne Rice, l’auteure d’Entretien avec un vampire (Le titre phare de la saga consacrée aux vampires) change de genre avec Les infortunes de la belle au bois dormant.
Au cinéma
- En 1975 : Le jeune Gérard Depardieu cambriole une jeune femme et découvre qu’elle est une “Maitresse“, domina professionnelle.
- En 1994 Tarantino mettait en scène “la Crampe” dans son film Pulp Fiction : un homme habillé de latex, des bâillons boules, une cave et des sévices corporels …
- En 2003, au festival indépendant de Sundance était projeté “La secrétaire“. La rencontre d’une jeune femme ayant des tendances à l’automutilation et d’un avocat tatillon sur l’orthographe et la construction d’une relation sado-masochiste.
- En 2009 sort SM-Rechter l’histoire vraie d’un juge qui par amour accompagne son épouse dans la voie du SM pour sauver son couple. Un fim que je vous conseille tout particulièrement.
Dans la chanson
- En 1956 Boris Vian enregistre “Fais moi mal” :
“Il comprenait rien, le malheureux
Et il m’a dit l’air désolé
Je n’ferais pas d’mal à une mouche
Il m’énervait! Je l’ai giflé
Et j’ai grincé d’un air farouche
Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny
Je n’suis pas une mouche… Bzzzzzzzz!” - En 1967 Velvet Undergroud sortaient “Venus in Fur” oeuvre éponyme du roman de Leopold von Sacher-Masoch. La chanson a pour thèmes le sado-masochisme, le bondage et la soumission.
- En 1984 Depeche Mode chante “Master and Servant“, (et par la suite “in your room” et “dressed in black”)
- En 2010 Rihanna chantait “S&M” et en 2011 Luce “La fessée” …
La liste est longue et on le voit bien avec tous ces exemples, qu’on écrit, chante et tourne au sujet du SM depuis des décennies, voir même des siècles. Le BDSM fait donc partie de la culture populaire même si on peut penser que cette tendance s’est accentuée ces dernières années. C’est toutefois l’esthétique du BDSM, comme pratique subversives qui est mise en avant dans une version édulcorée et fantasmée.
N’hésitez pas à commenter cet articles si vous souhaitez nous faire partager une œuvre culturelle se rapportant au BDSM.