La censure des pratiques “non conformistes”
Le 1er décembre 2014 a été voté un amendement au “Communication Act” britanique de 2003 : “the Audiovisual Media Services Regulations” (AMSR2014). Cet amendement introduit une liste de censure sur les oeuvres pornographiques produites et vendues dans tout le royaume unis.
Cette loi interdit les pratiques suivantes :
- La fessée
- La badine
- Le fouet agressif
- La pénétration par tout objet associé à de la violence
- L’urologie
- Le ageplay impliquant un personnage mineur
- L’abus physique et verbal, même consensuel
- Les contraintes physiques
- l’humiliation
- l’éjaculation féminine
- la strangulation
- le face sitting
- et le fist (ce qui a donné lieu à la règle “des 4 doigts”)
Les trois dernières pratiques tombant sous le coup de la mise en danger d’autrui. A ma connaissance personne n’est mort de Facesitting (mais étouffer par une poitrine oui). Le plus dangereux est sans doute pour l’amour propre des législateurs : le Face Sitting est une pratiques courantes des Dominas. La symbolique de la femme puissante au dessus d’un homme ne doit pas leur plaire.
Le royaume unis veut donc faire disparaître la pornographie “non conformiste”, et ces interdictions mélangent BDSM “light” (la fessée), “hard” (la strangulation) et même des pratiques qui ne devraient rien avoir de non-conformiste comme l’éjaculation féminine. Cette loi tente de mettre les mêmes barrière pour la vidéo à la demande que pour les oeuvres sur support classiques (DVD). Elle ne s’applique pas (ou pas encore) à la pornographie “gratuite” sur Internet mais s’accompagne de restrictions d’accès à certains sites, mettant à mal la neutralité du net et les libertés individuelles. On préfère donc la répression à l’éducation alors même que la représentation du BDSM dans la pornographie, et notamment dans les vidéos qu’on peut trouver sur les “tubes” ne ne donnent qu’une image simpliste, extrême et dégradante de ces pratiques. La réaction normale à la prohibition étant la clandestinité (et les possibilités techniques permettant l’accès à ce genre de contenu étant nombreuses) la pornographie non conformiste sur internet ne va pas cesser d’exister pour autant.
Pourtant la censure existe bel et bien : On connait tous celle opérée par Facebook qui supprime quasi systématiquement la nudité, surtout si elle est féminine. Ou plutôt la censure qui existe sur Facebook, puisque nombre de signalements viennent des utilisateurs eux même, même quand ceux ci font partie de groupes privés (qu’ils ont donc délibérément demander de rejoindre) où sont “amis” avec des personnes (a qui ils ont volontairement fait une demande de mise en relation) dont ils signalent le contenu. On se douterait moins qu’un site comme Fetlife qui est dédié aux pratiques déviantes puisse être contraint de s’auto-censurer. Pourtant en janvier dernier, “une centaine de groupes et un millier de fetish” ont été supprimés. John Baku, le créateur du site explique que sa décision est dicté par 3 risques :
- Le risques financiers tout d’abord : Fetlife a eu des pressions d’organismes bancaires et a vu certains de ses contrats suspendus. La participation des internautes ne contribuant que pour la moitié aux besoins du site, la publicité est vitale. Et sans contrat bancaire, il n’est plus possible d’encaisser les recettes.
- Le risque légal : d’une part car le site est la cible d’attaques d’organismes anti-pornographie. D’autre part car certains de ses membres sont impliqués dans des affaires judiciaires (notamment de viol).
- Et enfin, le risque pour la communauté : Baku cherche à limiter les attaques externes en supprimant les groupes mettant en avant des pratiques non consensuelle et trop extrême pour le monde vanille.
Baku a sans doute fait un ménage que beaucoup attendaient. Mais au delà des groupes faisant la promotion d’activités illégales, de nombreux autres groupes ont fait les frais de cette purge.
Celà dit, internet reste encore pour le moment un espace de liberté. N’oublions pas que les réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram sont avant tout des entreprises dont le but est d’attirer le plus de gens possible et donc d’être le plus consensuel possible. Il est néanmoins possible de se créer des tableaux très “chauds” sur Pinterest (alors même que le site réfute le fait de promouvoir la nudité), et même de carrément partager du porno sur Twitter. Le site que vous lisez est la preuve qu’on peut publier sur internet des idées non-conformiste voir quasiment déviante. Soyons prudent par rapport à la tendance actuelle à la censure, mais n’ayons pas peur de partager des idées hors normes.