De l’Hojojutsu au Shibari – histoire du ligotage japonais
Le bondage japonais, un ligotage très esthétique à base de cordes de jute ou de chanvre, est très à la mode en ce moment. Appelé Kinbaku (“magnifique bondage”) ou plus souvent Shibari (“attaché, lié”) c’est une porte d’entrée “facile” dans le monde du SM. C’est d’ailleurs la pratique qui nous y a amenés.
On fait souvent remonter l’art du ligotage à l’Hojôjutsu, un art martial traditionnel à l’ère Edo (1603-1868). Le “ligotage serré du corps à l’aide de cordes” est alors une torture. C’est un signe de reconnaissance de la faute du coupable. A cette époque on développe et rationalise les méthodes d’entrave des prisonniers qui devaient être déplacés. Les méthodes de contention des prisonniers sont codifiées selon les écoles et jalousement gardées. Elles varient selon différents critères tels que le statut social, la profession ou le sexe du prisonnier : Les nobles et les samouraïs ne pouvaient par exemple être entravés que selon des codes et par des personnes spécifiques, afin de ne pas attenter à leur honneur.
L’Hojôjutsu comptait alors quatre règles principales qui seront (au moins en partie) reprises par la suite :
- Le prisonnier ne doit pas pouvoir se détacher.
- Le ligotage ne doit entraîner ni dommage physique ni dommage mental.
- La technique avec laquelle le prisonnier est attaché doit rester secrète. (Donc pas de témoin).
- Le ligotage doit être esthétique.
L’hojōjutsu disparaît peu à peu dans le monde moderne. Dès la fin de l’ère Edo, le bondage devient érotique. Mais la tradition du bondage en tant qu’art ne se développe au Japon qu’à partir des années 1960. Entre temps, et jusqu’à devenir l’art ancestral que l’on connait, le Shibari a été repris, copié, puis réutilisé non plus à des fins d’emprisonnement, mais plutôt de jeu, dans des contextes underground, érotiques et “SM”.
On constate depuis quelques années un fort attrait pour le Shibari. Certains occidentaux sont allés apprendre au Japon, à l’image de Osada Steve, qui y a fait son apprentissage dés la fin des années 90. L’art du ligotage, comme certains l’appellent, s’est exporté jusqu’en occident. Aujourd’hui ils sont nombreux, français, italiens, britanniques ou russes à exercer, autant en tant que “performeurs” qu’en tant qu’enseignants. Le Shibari est aujourd’hui “mainstream”, et malgré une forte connotation sexuelle, socialement acceptable.
Dans ce second article je parle dela pratique contemporaine du Shibari
Rétrolien : Le Jargon des kinksters - BDSM101.fr
Rétrolien : Du Shibari, du sexe et de la douleur - BDSM101.fr