Kinky Lab N° 10 – Questions diverses

Les propos ci-dessous, sont anonymes et issus d’échanges en public. Ils ont été recueillis lors du Kinky Lab – Munch à Thème N° 10 ayant eu lieu le 10 Mars 2017 à Lyon.

Chacun était libre de s’exprimer en écrivant sa pensée sur des morceaux de papier, rassemblés, lus et débattus par toute l’assemblée. Les questions sont reportées ci-dessous en bleu, les réponses retranscrites de la façon la plus neutre possible.

En préambules au débat nous rappelons les règles :

  • Aucune intervention n’a plus de valeur qu’une autre
  • On ne se coupe pas la parole
  • On ne juge pas
  • On doit éviter les ping pong et les généralités
  • Les échanges doivent évoluer (on ne redit pas ce qui s’est dit, on fait évoluer le débat).
  • Le but n’est pas de convaincre

“Que pensez vous des relations D/s au sein d’un couple et au quotidien ?”

«C’est le meilleur, on voit bien que la relation D/s a tout à voir avec la relation de couple »

“Certains veulent pratiquer en H24 au sein d’un couple mais beaucoup considèrent le SM comme une pratique ou un jeu et trouveraient que le faire en H24 serait malsain»

« On est dans un couple classique et on a une relation D/s quand ça nous prend. Pas en H24 et c’est cool»

« J’ai eu des couples qui ont évolués vers le SM et d’autres fondés sur ce principe : On doit être proche de l’autre, connaître ses sentiments et en prendre soin. Il faut faire preuve d’une totale franchise par rapport à la personne soumise. C’est une chose assez rare au sein des couples (vanilles) car biaisée par l’intérêt de l’un ou de l’autre.»

“Switchs”

Nous demandons d’abord aux participant de se positionner en tant que “switchs” “soumis” “dominants” ou “autre”. 

« Je suis autre, je suis ce que je suis avec mon partenaire actuel je serais autre chose avec un autre partenaire. Je ne me colle pas d’étiquette ».

« Moi je suis plus amoureux que dom ou soumis »

 L’animateur demande ensuite à ceux qui se disent “switchs” de s’exprimer en premier sur la question.

« On peut être soumis ou dominant (même avec la même personne) mais souvent dans des temps différents. »

« Moi je suis totalement switch mais avec des partenaires différents, selon mes envies au quotidien, je n’arrive pas à me caler dans une étiquette »

« Il est possible d’avoir un penchant principal et une marge de flexibilité selon le partenaire avec lequel on est. On peut très bien être surpris de temps en temps de se retrouver de l’autre côté des sensibilités. »

« ça dépend beaucoup de la personne en face. On pourrait dire qu’il est difficile d’assumer d’être switch car « tu ne sais pas ou t’en es » mais je ne suis pas d’accord avec ça. »

«J’ai du mal être soumise, mais dans les cordes même si je provoque l’attacheur et joue à défaire ce qui a été fait j’aime être attachée. Je me découvre au fur et a mesure. On peut se rebeller : Je n’accepte pas à 100% la domination. Je cherche. »

« Moi je ressens les choses comme une baston, on se cherche, on confronte des forces. »

Après avoir interrogé les switchs on demande leur avis aux autres participants :

Une personne un peu plus agée prend la parole : « J’ai connu le bdsm quand Internet n’existait pas. C’était très difficile de trouver une personne avec des pratiques compatibles. C’était souvent éloigné de chez nous. On prenait alors un “valet” ou une “gouvernante” qui vivait près de la personne soumise et mettait en pratique les ordres de la personne dominante. C’était une interface de la relation, le soumis se soumet au valet qui se soumet au dominant. On avait un ressenti de « on est né dominant », « on est né soumis » et des personnes aimaient ce rôle de « valet » ou « gouvernante ».  La personne soumise cherchait « l’esprit qui va la faire lâcher, qui va la soumettre ». Certaines personnes vont se soumettre aux esprits qui savent la faire lâcher et soumettent les esprits plus faibles que le leur.

«Il y a une évolution on peut aussi changer dans le temps. »

« Si j’ai bien compris quand on est switch c’est plus facile d’avoir certaines pratiques avec l’un ou l’autre de ses partenaires. Mais switcher avec un seul partenaire doit être très difficile. Par exemple je peux dominer une personne qui me plaît moins mais je dois être attiré par la personne qui me soumet. »

“Libertinage et bdsm”

« J’ai pratiqué les deux mais je n’ai jamais mélangé les deux concepts. »

« J’ai déjà été maitre d’une femme mariée à qui je disais en tant que maître « surtout ne te refuse pas à ton mari » et ça a peut être sauvé leur couple. Elle a trouvé avec moi dans notre relation ce qu’elle n’avait pas avec son mari. A titre personnel je n’ai pas envie de m’attacher en ce moment. Je préfère garder ma liberté sans pour autant forniquer à droite à gauche. Que mes soumises aiment leur mari, leur famille, m’aiment aussi n’est pas incompatible. Ca les aide à trouver un équilibre et à être heureuses au quotidien. »

Quelqu’un demande alors une précision : « Est-ce que ça veut dire libertinage au sein du bdsm, en ayant plusieurs maitres, plusieurs soumis ? »

« Moi ça m’évoque : Est ce que le SM est une pratique libertine parmi d’autres ? J’aime la notion d’offrir. Et pourquoi pas offrir ma soumise. » (Notion de Candaulisme : prendre plaisir à voir son partenaire prendre du plaisir avec d’autres partenaires).

« Parfois des soumis trouvent leur réalisation dans le fait d’être offert par leur dom à d’autres. Etre un cadeau est leur cadeau. Livré sous surveillance, en toute sécurité son soumis ou sa soumise est un plaisir ».

« Pour moi libertinage implique qu’il y ait une relation stable à la base. Définissons libertinage : polyamoureux, célibataire c’est autre chose. Le libertinage c’est multiplier les partenaires uniquement sexuels sans devoir être en couple à la base »

La personne qui a posé la question s’exprime alors : « je suis libertin de la vieille école ; on peut être libertin et exclusif dans ses sentiments : accepter qu’il ou elle ait des rapports mais pas forcément des sentiments ou même du plaisir avec ses partenaires. C’est peu cérébral. On est dans l’orgasmique. J’ai remarqué beaucoup de rejet du libertinage dans le milieu bdsm, on me dit que le libertinage c’est pas du bdsm qu’ici on est exclusif. »

« Pour moi les deux sont des démarches sensuelles mais le bdsm est plus cérébral et l’autre plus corporel. »

« Dans le libertinage on peut utiliser des pratiques sm pour amener à l’orgasme ».

« Pour moi dans le sm il faut faire confiance à l’autre et dans le libertinage il y a plusieurs partenaires. Je ne pourrais pas avoir confiance en plusieurs partenaires pour moi c’est un seul ».

« Pourquoi ne peut-on pas avoir confiance en plusieurs personnes ? »

« On n’est pas obligé d’avoir confiance pour des jeux soft, ça ajoute du piment de peu connaitre la personne en face ».

« On est sur des champs différents qui convergent en certains points. Dans le libertinage on est avant tout dans un rapport a soi, son plaisir, ses sensations. Dans le sm on est dans un échange, un rapport de force. Un terrain alocentrique, centré sur la personne en face ».

« Je pense que c’est faux, dans le libertinage aussi on peut être tourné vers l’autre. Ce n’est pas si différent ».

« De par mon vécu chaque fois que j’ai rencontré des soumis issus du milieu libertin c’était catastrophique. Pour moi le bdsm se base sur la discipline, on installe la relation D/s qui est un terrain de confiance. Quand on peut guider sans devoir aboyer, on peut installer de la sécurité. On trouve son plaisir dans le plaisir de l’autre ».

« En ce moment il y a beaucoup de clubs libertins qui organisent des soirées sm. (Car elles ne peuvent pas être organisées ailleurs). »

“Quel terme utilisez vous pour définir votre, une, des pratiques :(séances jeux, etc … vocabulaire)”

« Des gens disent « on va jouer » chez nous on dit qu’on va « s’occuper d’elle » quand je dis a ma soumise « je vais m’occuper de toi » elle sait à quoi s’attendre ».

« Nous sommes dans une relation « 23/6 » (Quasiment du 24/7). On dit séances, jeu. Parfois zèbre ou crocodile : là on joue on est pas en mode vanille. »

« Faire la misère »

«Jouer aux chats et à la souris »

« On faisait des « parenthèses » bdsm entre nos moments vanilles »

« « Jeu » j’aime bien mais ça me fait penser à « jouer un rôle » (on fait semblant ?), est ce qu’il y a un temps et des règles ? En jeu tricher c’est mal, dans le sm parfois franchir la règle c’est bon aussi. »

« Cette notion de jeu me perturbe. Je n’ai pas envie de jouer avec elle, ce n’est pas un jouet. C’est réducteur pour ce qu’on vit et pour les gens avec qui on le vit. »

« Moi je dis souvent « je vis mon bdsm » et je le vis en permanence au moins dans mon esprit. La séance ne m’intéresse pas : on y est déjà lorsque je la prépare. La temporalité me limite et m’ennuie. Je le vis mais je ne le joue pas. »

« La sémantique n’est importante qu’avec son partenaire pour se comprendre puis ensuite pour échanger avec d’autres. En quoi est-ce mal de jouer ? Pourquoi ce serait moins bien que le reste ? »

« Je pense que jouer un rôle renvoie à la théatralité. Quand on joue on n’est pas. Il y a cette connotation superficielle. »

« On est différent selon son partenaire et on joue un rôle selon son partenaire. On a tous plusieurs facettes la question étant laquelle a-t-on envie d’exprimer à un moment ou un autre.

Jouer dans cette parenthèse, exacerber, c’est aller plus loin plus fort sans pour autant « jouer un rôle »

« La sémantique n’a d’importance que dans la démonstration mais quand on est en face a face avec son partenaire on s’en moque. On vit simplement les choses, quelle importance ça a ? A part « qu’est-ce que ça va faire vivre a l’autre ? »

« Pour moi-même à titre personnel les mots sont important, j’ai envie de savoir quoi penser « c’était une parenthèse » ou « c’était s’occuper de moi » c’est une question importante à se poser. »

« Dans n’importe quel contexte jouer n’est jamais un terme négatif. Quand je suis avec une partenaire on est sur un pied d’égalité et parfois on joue au bdsm et je n’aime pas prendre ça trop au sérieux. Je n’arrive pas à me prendre au sérieux. »

Les échanges autour des premières questions ont duré plus d’une heure. Nous  proposons aux participants de s’exprimer en une phrase sur d’autre thèmes proposés ce soir là :

“Subspace”

  • Lâcher prise
  • Perdre espoir
  • Check !
  • Endorphine
  • Accomplissement
  • Abandon

“Humiliation ou gène”

  • C’est bien
  • Dans la gène y’a pas de plaisir
  • La gène est personnelle l’humiliation est publique

“Le contrat bdsm”

  • Long à écrire
  • Le contrat de confiance
  • Je signe où ?
  • Il enferme les individus
  • On retrouve « contrat » dans contrainte
  • C’est plus un outil qu’une fin en soi
  • Une certaine stabilité a certains. Mais on peut aussi avoir quelques règles simples dans une relation de confiance.
  • Une porte de sortie indiscutable

“Soumission esclavage quelle différence ?”

Dans la soumission la personne a 3 décisions à prendre : Celle de se soumettre, à qui et quand prendre congé. Dans l’esclavage elle doit seulement choisir d’être esclave et à qui.

“Le bdsm c’est quoi ?”

“Bondage domination sadisme masochisme” Quelqu’un fait remarques que le B  vient de “bond” : connexion, lien, rapprochement.

De nombreuse questions n’ont pas été traitées par manque de temps :

  • Les soumises peuvent-elles être trop exigeantes envers leurs dom ?
  • La matière latex cuir etc a-t-elle un rôle important pour vous ?
  • Le masochisme, une manière de se punir soi-même ?
  • Comment repousser des limites quant au début d’une relation on fixe les limites ?
  • Comment les différentes pratiques parlent elles du praticien ?
  • Jusqu’où peut-on appartenir à l’autre ?
  • La dimension psychologique des marques faites par les dom sur les soumis

N’hésitez pas à commenter cet article en nous disant ce que vous pensez des différents sujets évoqués 


Le prochain Kinky Lab aura lieu le vendredi 21 Avril 2017 au bar La MéduZe 26 Rue Sergent Blandan à Lyon

2 commentaires

  • Je regrette tellement de ne pas avoir été là ! Mais je jouais dans un théâtre, je faisais ma superficielle quoi, pour reprendre un mot 😉 D’ailleurs il faudrait reprendre le débat sur ce qu’est “jouer un rôle”…

    Sur la relation switch avec une seule personne, pour moi c’est le contraire, c’est beaucoup plus facile de tout faire avec un partenaire. Cela le rend doublement excitant 😉 Je ne comprends pas les gens qui disent qu’ils ne pourraient pas être attirés par leur dom-me s’ils le-la voyaient soumis-e avant. (Je sais que ce n’est pas ce que disait le participant mais j’avais envie de préciser cela. Dire cela pour moi c’est presque se manquer de considération à soi-même en tant que soumis.)

    • Ah oui, jouer un rôle ou vivre son BDSM …(j’oppose volontairement ) : tout un débat 😉

      la question des switchs mérite une soirée de discussion à elle toute seule. C’est intéressant car ta position est rarement celle que j’entend. Mais elle s’entend tout à fait et qui plus est c’est un point de vue très positif. Vivement le Kinky Lab sur ce sujet !

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