Kinky Lab N° 8 : La domination féminine

Les propos ci-dessous, sont anonymes et issus d’échanges en public. Ils ont été recueillis lors du Kinky Lab – Munch à Thème N° 8 ayant eu lieu le 13 Janvier 2017 à Lyon et ayant pour thème “La domination féminine “.

Chacun était libre de s’exprimer en écrivant sa pensée sur des morceaux de papier, rassemblés, lus et débattus par toute l’assemblée. Les questions sont reportées ci-dessous en bleu, les réponses retranscrites de la façon la plus neutre possible.

Où est la limite de la galanterie ? Où commence la soumission ? N’est-ce qu’un jeu ?

“La limite de la galanterie, c’est le moment où on la refuse, où elle doit être autre chose. La soumission commence au premier regard. Et la soumission est tout sauf un jeu.”

Est-il facile pour un soumis de trouver une maitresse ? ( Du fait qu’on n’en côtoie pas beaucoup)

  • “Ça a l’air compliqué et tarifé”.
  • “Déjà un mec qui cherche une fille c’est compliqué”.
  • “Ça peut aussi être une soumise”.
  • “La question est formulée comme si il y avait un annuaire”.
  • “Il y a peut-être aussi plus de nanas switchs” ?

“Avoir une maitresse, ce n’est pas qu’un statut D/s, c’est aussi une compatibilité”.

“Le mot domina fait peur parfois : il est difficile de s’assumer et de renverser les codes hétéro-normatifs. Amener ça dans un jeu en switchant c’est plus facile”

Dans une relation homme dominant et femme soumise, switchez-vous parfois ? (même juste pour le fun) 

Un intervenant nous dit que pour lui ça dénature la relation : il switche avec d’autres personnes mais pas en couple. Pour un autre, ça dépend de la relation. « Il est aussi naturel de switcher, on passe naturellement d’une position à l’autre »

Y a-t-il peu d’hommes soumis et beaucoup de dominas ?

“C’est une question d’affinité naturelle à la soumission.”

Quelqu’un pose la question : « Du coup les switch ? »

“En réalité il y a beaucoup d’hommes soumis : de nombreux hommes envoient des MP à des femmes, d’abord en tant que dom puis en tant que soumis quant ils se font éconduire”.

“C’est une question d’offre et de demande : beaucoup d’hommes sont soumis. Aujourd’hui les femmes ont le pouvoir de choisir.”

“L’acceptation de la soumission est souvent le prix à payer pour une relation amoureuse.”

Question : “Dans le monde vanille aussi ?” Réponse : “La soumission est une construction sociétale”

“Beaucoup de gens à responsabilités se libèrent de leurs responsabilités en se soumettant”

“C’est plus dur pour un homme (hétéro / cis …) d’accepter ses envies de soumission, surtout envers une femme”.

“Il est aussi très difficile pour les femmes de dominer”

“J’aimerais avoir une étude sur le nombre de soumis / dom”. Réaction d’un participant : “Est-ce que des soumis hommes se font payer ?”

Après avoir été soumis(e) pendant longtemps est-ce “décrédibilisant” d’hésiter dans un ordre / une punition vis à vis de mon / ma soumise ?

“Il faut savoir ce qu’on veut et être sûr de sa position”.

“Etre dom ça ne veut pas dire avoir toujours raison, c’est prendre des responsabilités, faire le mieux dans la relation D/S. Il faut savoir se remettre en question, c’est sain (mais il ne faut pas hésiter tout le temps) de ce fait ça donne de la crédibilité”.

“La relation D/s est un transfert de pouvoir : c’est un choix personnel. On est là pour se faire plaisir. Ce qui serait décrédibilisant c’est de continuer et d’être malheureux.”

La domination féminine est elle une réponse au sexisme masculin ?

“Peut-être pour certaines, mais ce n’est pas une bonne réponse”

“C’est une mauvaise réponse : c’est une agression en réponse à une agression, c’est de la violence pure.”

“Le féminisme ce n’est pas un renversement d’oppression. Cela ne résoudra pas le problème.”

“Le BDSM, c’est déjà inverser les codes. On est dans des rapports de force constants dans le milieu vanille, le BDSM permet déjà de donner une réponse féministe.”

Note du rédacteur : je n’ai malheureusement pas noté le genre des personnes qui ont répondu à cette question, ce qui pourrait être une information pertinente quant on parle de féminisme. 

La domination est-elle genrée ?

“Non, il peut même y avoir de la domination sans sexualité”.

Note du rédacteur : on en reparlera plus tard dans la soirée. 

Peut-on dissocier domination féminine et vénalité ?

“Si on accepte la vénalité, on revient dans la construction sociétale”.

“Le rapport BDSM ne peut pas passer par l’argent”.

“Quant un homme soumis paye avec de l’argent le temps d’une femme, qui domine qui ?”. Quelqu’un répond : “Une femme qui se fait payer pour soumettre un homme, n’est pas soumise, elle fournit un truc rare”.

Une jeune femme témoigne : « Pour le rapport à la vénalité, j’ai fait de l’escorte et je me suis fait payer. Je me suis rendu compte que ce gars là me traitait mieux que les autres mecs avec qui j’ai couché». Réponse d’un participant : “Est ce qu’il ne respectait pas l’argent qu’il t’a donné”. Quelqu’un dira que “de son expérience ce respect ne se retrouve pas tout le temps.”

“L’argent peut-être un jeu de domination”.

On nous dit également que le BDSM en dehors des frontières (françaises) est peut-être différent.

Peut-on être soumis et viril ?

“On est ici face à une opposition : soumis = univers BDSM / viril = en dehors de l’univers BDSM. Dans l’univers BDSM le soumis est quelqu’un de fort”.

“On peut envisager des jeux de féminisation”. Quelqu’un nous renvoie au témoignage de Samantha  (En réponse à la question “Comment le BDSM vous a-t-il permis d’explorer votre féminité / masculinité ?”) : “par le biais de la féminisation elle est devenu forte. La domination féminine peut passer par la perte de virilité du soumis”.

“Je ne suis pas sûre que la virilité soit proprement masculine. Quand je domine / féminise mon partenaire, je ne le vois jamais aussi viril”.

C’est quoi la “domination rose-bonbon” ?

“Il existe un groupe Fetlife portant ce nom. Il renvoie à une domination « tantôt dure, tantôt douce” Ce groupe n’est pas réservé qu’aux femmes.”

Note du rédacteur : Le nom complet du groupe est la domination féminine Rose Bonbon. L’idée de ce groupe de discussion est de réunir ceux et celles qui ne se reconnaissent pas, ou pas tout à fait, dans les représentations de la domination féminine généralement véhiculées via internet (…);

Quelle est la différence entre une Dominatrice et un Dominant (à part son sexe) ?
Après la lecture de la question, une discussion s’amorce autour des pratiques. Il y a un consensus autour du fait que les pratiques sont globalement les mêmes, que le porno répond à un public précis et qu’il n’est pas la norme.

“Dans la domination féminine, il est courant qu’il n’y ait pas de sexe (à l’inverse des dominants hommes)”.

“Il y a également une différence d’attentes : l’homme sera plus un accompagnant, un mentor.  Chose qu’on ne retrouve pas avec une domina.”  Tout le monde n’est pas d’accord avec cette affirmation :  “Je me suis soumis virtuellement à une domina et elle me guide.”

“On parle beaucoup de ce que les dominants veulent faire mais ça vient surtout des soumises et des soumis : les soumises veulent s’épanouir, les soumis veulent de la restriction.”

On parle alors de soumination. On le définit comme ceci :  “Le souminateur est un soumis qui va dire à son dom comment le dominer. C’est de la manipulation. Quelqu’un ajoute “De la misère sexuelle”.

“Quelle est la différence entre une femme dominatrice et une autre femme dominatrice ? On a pas tous les mêmes pratiques, à moins qu’on cherche les stéréotypes de genres (même si on joue avec parfois)”.

Est-ce qu’une soumise a été soumise à une femme ? Personne.

Dominant, vous êtes-vous soumis dans le cadre d’une domination féminine ? Avez-vous apprécié ? 

Trois hommes vont témoigner :

“J’ai voulu essayer de switcher mais je n’ai pas réussi à lâcher prise”.

“Ca s’est super mal passé. Je me suis lâché mais elle a dépassé les limites”.

“J’ai déjà été dominé et ça s’est très bien passé. Je me considère maître et j’ai une maîtresse”

Quelle est la part d’acquis et d’inné dans la domination ? Car même en le voulant parfois ça ne fonctionne pas.

“Il ne faut pas se mettre la pression si ça ne marche pas. Je ne suis pas convaincue du naturel, de l’inné et de l’acquis. Il ne faut pas se mettre d’étiquettes, il n’y a pas de règle”.

“Si c’est inné, ça veut dire qu’on ne peut pas changer”.

“Ca renvoie à l’opposition talent / travail : on a des prédispositions mais il faut travailler et les développer. Dire que je suis naturellement quelque chose c’est dire que je ne vais pas creuser.” On lui répond que l’accompagnement compte également.

“Se dire soumis pour un hétéro cis c’est déjà un putain de travail”.

Note du rédacteur: les individus cisgenre sont les individus dont le genre assigné à la naissance, le corps et l’identité personnelle coïncident.

“Certaines personnes seront bons de base, après c’est une question de travail et d’envie d’avancer.”

Quel genre de Domme êtes / seriez vous ?

“Je suis d’accord sur le fait qu’il y a différentes façon de faire et si j’étais domina je serais dans l’accompagnement (et pas la restriction)”.

“Je serais moi, avec mes faiblesses, mes qualités, mes défauts”.

“Je serais riche” (Quelqu’un rajoute “et épuisée”).

Un personne témoigne : “1 femme dominante sur 10 n’est pas vénale. Elles perdent leur temps dans des soirées comme celle ci. Il y a énormément plus de dominants hommes que de femmes”. On lui répond “Est-ce qu’elles ne s’improvisent pas Domina?” “Mais les vénales sont avant tout dominas”.

Un autre témoignage : “Les dominas pro sont des carpettes au lit. Elles aiment ce qu’elle font mais elle n’ont pas envie de ça dans le privé”. Quelqu’un répond que dans la domination vénale c’est souvent sans sexe.

“J’ai connu des dominas qui n’étaient pas vénales tout le temps”. Quelqu’un fait le parallèle avec la photographie : “Je me fait payer mais parfois je fais ça gratuitement”.

“On oublie le rapport à l’objectification de la femme. Même avec des soumis sans vénalité la Domina peut être la représentation de leurs fantasmes ».

“Le fait de payer est déjà un rapport de soumission / d’humiliation” par exemple pour les Plan DAB (où la domina va prendre la CB du soumis et va retirer la somme d’argent qu’elle voudra, devant lui, et en l’humiliant).

“Ce qui m’a interpelé c’est qu’on passe une heure à parler de tapin et pas de ce qui caractérise vraiment une femme qui domine (la sensualité) La différence est dans l’imagerie de la domination féminine (plus subtile, …)”.

“Souvent, particulièrement virtuellement, il y a un rapport très objectifiant à la domina, et l’aspirant soumis est souvent dans une demande de service, il réclame un menu de pratiques, ne s’intéresse pas une seconde à la personne derrière, ne conçoit que son point de vue à lui, ses envies, ses disponibilités. Dans ce contexte, je trouve normal que beaucoup de dominas soient vénales… parce que si c’est pour perdre temps et énergie avec quelqu’un qui vient juste soulager ses pulsions une fois, ou de temps en temps, sans respect ni considération, ça commence à faire peu de raisons de faire ça gratuitement…”

Ce munch a donné lieu à de nombreux commentaires après coup. Je donnerai mon point de vue très prochainement dans un autre article.

N’hésitez pas à commenter cet article en nous disant ce que vous pensez de la domination féminine et éventuellement en réagissant aux propos tenus lors de ce KinkyLab.


Le prochain Kinky Lab aura lieu le vendredi 10 Février au bar “Les Feuillants 2.0”, 5 petite rue des Feuillants à Lyon.

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