Le consentement n’est pas une option

En commençant l’écriture de cet article, je me suis surpris de ne pas avoir abordé la question du consentement plus tôt. Ou plutôt de ne pas l’avoir abordé plus clairement vu son importance. On l’a  bien évoqué dans cet article traitant des approches SSC et RACK du BDSM. Mais il fallait un article dédié à cet sujet car le consentement est clef de voûte de toute relation, et c’est encore plus vrai dans le BDSM. 

Rappel des bases

  • Le consentement est indispensable avec tous et en toutes circonstances.
  • Consentir à une chose n’est pas consentir à tout.
  • Consentir à un moment donné n’est pas consentir pour toujours.
  • Le consentement doit être donné sans pression externe.
  • Le consentement ne doit pas être donné sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue.
  • L’absence de réponse n’est pas une forme de consentement.
  • Le consentement peut-être retiré à tout moment.

Le consentement c’est ce qui différencie le BDSM et la violence conjugale. On ne peut pas s’en passer.

La négociation des pratiques est un outil qui permet d’établir facilement le consentement. Elle peut passer par l’établissement d’une liste de choses qu’on s’autorise à faire. C’est le moment de définir ses limites, qu’elles soient softs (“ca ne m’attire pas”) ou hards (“je ne veux pas du tout le faire”). Le moment également de définir un safeword, le mot de sécurité qui permettra de dire non sans aucune ambiguïté.

On peut avoir peur de demander le consentement de l’autre : par peur du refus, peur de paraître peu sûr de soi, peur de paraître faible et de perdre son “statut” de dominant. On peut également ne pas avoir envie de demander la permission avant de faire quoi que ce soit.  Mais le consentement n’est pas une option.

Le danger de ne pas avoir tracé de limites avant la séance c’est qu’il est beaucoup plus difficile de négocier quoi que ce soit pendant. Le consentement doit être donné sans contrainte et on peut se retrouver dans une situation où l’un des participants est en position de force par rapport à son partenaire. La personne soumise peut aussi être dans l’incapacité de s’exprimer, soit qu’elle en soit incapable physiquement, soit  que son état de conscience a été altéré par la douleur et le plaisir. Dans ces conditions le consentement est parfois dur à donner et il peut arriver qu’on laisse faire des choses dont on n’a  pas vraiment envie.

La question du consentement est d’autant plus complexe dans le contexte du Bdsm où on cherche à se dépasser et à repousser les limites de l’autre (et d’aller plus loin dans la douleur, dans le sentiment d’humiliation etc.), pour au final avoir également le plaisir de s’être dépassé. Comment faire dans ces conditions ? Deux approches sont possible : le BDSM SSC (Sain, Sûr et Consensuel) prône une relation saine et sûre. L’ensemble des pratiques seront négociées point par point au préalable des séances et on ne sortira pas de ce cadre. L’approche RACK (Risk Aware Consensal Kink) prend en compte le fait que les deux participants sont conscients des risques encourus. La relation est bien sûr toujours consensuelle, mais l’approche permet plus facilement l’exploration des limites. Elle demande une vigilance d’autant plus grande, une connaissance des risques, une maîtrise de ses actes et une empathie plus importante.

Il est difficile d’appliquer seulement ou entièrement l’une ou l’autre de ces deux approches : nous pensons qu’il est indispensable de négocier les limites avant les séances, mais qu’il faut se laisser la liberté de les faire évoluer pendant sans dépasser pour autant les hards limites établies.

En cas de problème, si on pense que l’autre est allé trop loin, la première chose est d’en parler, à son partenaire en priorité ou à un tiers si c’est trop difficile. Même si ça peut-être extrêmement difficile, du fait de la notoriété du Dom, de la situation, ou parce qu’on n’avait donné son consentement au début de la séance ou pour d’autres pratiques. Il ne faut pas culpabiliser et en parler. Votre partenaire a pu ne pas se rendre compte qu’il était allé trop loin. Et si c’est un acte volontaire alors il faut le faire savoir.

Dans tous les cas il faut toujours rester sur ses gardes. Rien n’est acquis et même avec les meilleures intentions du monde on peut provoquer quelque chose de négatif chez son partenaire. L’obtention du consentement est un passage obligé. Ce ne doit pas être une contrainte, juste une habitude comme celle de dire bonjour ou au revoir.

Il existe bien dans le BDSM le “non consensual consent” (le non consentement consentit) mais la plupart des témoignages que je lis sur ce sujet sont négatifs. Je pense que c’est un terrain extrêmement dangereux et qu’il ne peut être pratiqué qu’en de rares cas très particulier. Peu de gens sont capable d’avoir ce genre de relation et en sortent indemnes et je vous déconseille de vous y risquer.

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